Quels sont les missions et les objectifs de la Fondation Libellud ?
La fondation d’entreprise Libellud s’est donnée pour mission de soutenir des projets d’éducation et de jeunesse avec la volonté, au moment de la création, de garder une posture relativement transversale sur un grand sujet comme la jeunesse. Nous voulions traiter à la fois des questions de précarité, d’éducation, de santé, d’épanouissement, de travail. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de garder un thème assez large.
Les objectifs de la fondation sont partagés en deux programmes dont la philosophie d’intervention diffère quelque peu.
D’abord, le programme Explore qui finance des projets qui en sont au stade de l’idée et qui méritent d’être soutenus durant une année et ensuite, le programme Eureka qui s’adresse à des projets plus mûrs et qui sont soutenus de manière pluriannuelle.
Qu’est ce qui vous a conduit à vous associer à l’appel à projets du programme Game in Lab ?
Les questions de recherche vis à vis des jeux de société et des sciences cognitives nous ont paru s’inscrire tout à fait dans l’air du temps. En effet, les sciences cognitives sont en plein boom depuis plusieurs années déjà et sont populaires car elles ont été très vulgarisées. Comme le secteur d’activités des jeux de société qui est celui de Libellud avait toute sa place dans la réflexion, il a été aisé de répondre positivement à Mikaël Le Bourhis quand ce dernier est venu nous proposer un partenariat. Game in Lab remplit son objectif en venant interroger le jeu de société et aussi la recherche. Nous nous sommes aperçus que la recherche sur le jeu de société pouvait parfaitement s’adapter à des questionnements éducatifs et donc, nous avons décidé de créer un financement sur la thématique “Jeu et éducation” pour financer un projet de recherche s’intégrant dans le prisme “éducation en recherche cognitve”. Nous avons été fort bien accueilli par l’équipe de Game in Lab. Actuellement, nous finançons un projet de recherche en Espagne qui accompagne des chercheurs afin de déterminer comment les jeux de société modernes peuvent soutenir des enfants en décrochage scolaire. Cette notion de jeu moderne nous intéresse particulièrement car que ce soit chez Libellud ou Asmodee, c’est bien ce type de jeux que nous cherchons à développer.
Un autre facteur de décision fut l’inscription dans le durée de notre partenariat et nous avons donc décidé de nous engager pour 5 ans avec Game in Lab. Ce partenariat privilégié est encore renforcé aujourd’hui car Libellud a intégré le groupe Asmodee.
Comment voyez-vous l’évolution des game studies dans les 10 ans à venir ?
Je ne sais pas s’il est possible de se projeter sur la question des sciences du jeu dans 10 ans car il s’agit d’une temporalité un peu longue. Aux vues du contexte sanitaire actuel ou même si l’on prend en compte la vitesse à laquelle les choses évoluent dans le marché du jeu de société qui explose littéralement, c’est bien difficile de se projeter à long terme. Prenons l’exemple de certains médias sociaux qui disposent aujourd’hui de leur propre chaîne, cela paraissait imprévisible, il y a 10 ans. Je n’oserai donc pas m’aventurer à prédire ce qui se passera demain.
En revanche, il y a peut-être deux tendances fortes qui se dessinent.
La première est la création de tribus qui va se renforcer avec des personnes jouant de manière collaborative et compétitive, avec leur cercle, et nous allons peut être aller vers une manière de jouer très communautaire avec des échanges entre les différentes communautés de joueurs.
La deuxième tendance pourrait être que le jeu de société va s’imposer de plus en plus et dans tous les secteurs. On voit bien depuis quelques années que les logiques de gamification sont présentes dans la communication, le marketing, le développement durable car on a besoin de jouer pour comprendre, pour apprendre, cela est vieux comme le monde et je crois que cela va encore s’accentuer avec les outils modernes et le Geek va probablement prendre une place importante dans ce monde dans les années à venir.
Merci Mathieu pour cette sympathique interview !
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